Le groupe artistique « C’est extra » fut crée en 1994 par un transfuge de la société
villeurbannaise, Monsieur André Germain, dit « Boule ». Monsieur Germain tenait à cette appellation de « groupe artistique » – la plupart des associations de chant se
dotant modestement du nom de « sociétés chansonnières ». Cela en disait long sur ses ambitions au plan artistique. Et de fait, l’association donna tout de suite le ton : elle
recruta des sociétaires dans toutes les classes d’âge, recherchant avant tout des éléments dynamiques et de valeur. Les ambitions étaient clairement affichées : faire un travail de
qualité, tout en satisfaisant la sensibilité d’un public populaire.
Sa disparition en 1997 porta un coup d’arrêt à l’essor de la société. Un jeune sociétaire,
chanteur talentueux, prit la succession de M. Germain : Christophe Stephen. Il n’exerça son mandat qu’une saison. Il n’était pas fait pour çà, de toute évidence : il voulait voler de
ses propres ailes, tenter une carrière professionnelle.
A l’annonce de son départ, les repreneurs ne se bousculèrent pas. Les gens souhaitaient continuer
à chanter au sein de l’association, mais non prendre des responsabilités. Le pianiste accompagnateur du moment, M. Alain Tourral, après un court instant de réflexion, accepta d’endosser la
responsabilité « suprême », celle dont personne ne voulait. Ainsi la structure n’irait pas rejoindre le nombre de ces sociétés mort-nées.
Dans un premier temps , M. Tourral s’entoura de gens de métiers, d’anciens choristes de l’opéra de
Lyon mis en disponibilité, et qui venaient de faire une expérience peu concluante avec une troupe de chanteurs lyriques, le « Clap ». Cette collaboration dut malheureusement prendre
fin deux saisons plus tard, car la direction de l’opéra rappela tous ces choristes, estimant qu’ils n’en avaient pas fini avec cette prestigieuse institution. Leur temps, dès lors, étant
compté, ils ne purent continuer d’exercer leur responsabilité au sein de l’association.
Entre-temps, le nouveau président avait pris goût à son mandat, et se découvrait une vocation
culturelle. Les sociétés chansonnières traditionnelles ambitionnent principalement de faire chanter les personnes qui entrent en leur sein. Celles-ci le font pendant des séances que
leur proposent hebdomadairement ces sociétés. Mais comme par ailleurs, elles se produisent également sur scène, le problème se pose de la réception de ces spectacles par le public. Et de leur
finalité.
Le président de « C’est Extra » se soucie à la fois de la qualité de la prestation de
ses sociétaires lors de ces spectacles, mais aussi du sens de ces manifestations artistiques. Il traite donc sur le mode théâtral et ludique de faits de société, de thèmes culturels pouvant
trouver un écho parmi le public. Il veut donner du sens, tout en distrayant. C’était, toute proportion gardée, le projet d’un illustre prédécesseur, Bertolt Brecht.
Il trouve peu de collaborateurs sur ce chemin semé d’embûches, et ne doit la survie de sa société
qu’à la fidélité et la diligence de Mme Jany Castan, soprano, secrétaire et trésorière. Et pour être tout à fait juste, grâce à la participation d’intervenants talentueux, pour la plupart eux
aussi fidèles et diligents.
Puisse l’avenir montrer à toute cette équipe que leur voie est la bonne, qu’il y a place
aussi en ces temps de facilité à un peu de recherche de qualité et de sens.